Elles sont du monde silencieux des pierres
les Gaïas
Humanisées sous les traits d’une ou de plusieurs grâces
Elles sont une représentation de la terre
de notre terre, la Mère
Comme le symbole à quoi elles nous renvoient
ces femmes portent et nourissent
Elles sont abondance, toute retenue
mais pour peu qu’on les touche, pour peu qu’on les regarde
chacune s’anime et se dévoile
Ici un manteau tombe, fait mine ou se referme
Là un port de tête
des mains
les doigts…
Elles sont déesses, fesses, feuille
et semblent ne pas bouger
Mais qu’on ne s’y trompe pas
Elle, c’est Gê
Elle est Gaïa
Exposition à Rennes du 4 au 28 avril 2006
… une fois de plus exposer des pièces d’étude, puisqu’à y réfléchir je n’ai exposé que ça ou presque.
le choix d’un sujet théorique domine. ne rien savoir que ma culture et le monde. entamer la pierre comme on entame des recherches. creuser, comme on dirait : approfondir. laisser les traces, conséquences imprévues (mais vues) du chemin. sans souci d’exhaustivité, avec cette unique contrainte : les pierres que j’installais auparavant debout seront déposées et composées dans cet autre nouveau sens. et qu’advient-il alors ? les pièces montrées auront pour moi la nouveauté liée à un temps compressé et à l’incertitude… après, demain seulement elles acquerront ce statut de sculpture que je ne veux pas encore attribuer ; quand le temps aura passé, avec son inévitable et bénéfique recul.
pendant des années, j’ai installé des pierres à la verticale et je me suis orienté vers cette verticalité comme une constante. parfois, certaines pierres étaient penchées à 30°, à 45° quand je recherchais l’élan, un certain dynamisme. quand les formes, aussi, étaient imposées par les sujets.
quelques pierres ont été déposées qui n’avaient pas de base, allongées tandis que je tentais de répondre à un problème que me posait la stabilité, le soubassement, le socle ou leur absence. questions équivalentes en sculpture à celle de l’installation ou de l’accrochage en peinture.
j’ai posé ces pierres au sol, sur socle ou sans socle, que j’appelais pierres posées, sans faire de cette manière comme ici quelque chose de systématique. sauf à un moment où il m’est venu de placer une sculpture à ras de terre en me disant que le procédé serait intéressant à étudier et à poursuivre.
j’ai appelé cette pierre « Pierre un ». mais de cette pièce je n’ai conservé longtemps que le geste d’installer ou de déposer mes pierres, seules, dans une cavité, dans une autre pierre, stables ou en équilibre, immobiles ou en mouvement possible. l’idée était alors de déposer et d’abandonner, trace de passage, mais pas d’étude.
j’ai émis l’idée d’une installation de trois grandes pierres allongées au sol mais le projet n’a pas abouti.
nourri de l’idée que l’œuvre est creuse, j’ai empli des pierres que je façonnais d’autres pierres, de terre, d’eau. dans ce dernier cas, l’horizontalité était un fait patent. j’aurais aimé qu’il en fut autrement ; je n’avais pas moyen d’aller plus loin.
lors de l’installation de six pierres au sol en Ecosse, la verticalité s’est enfuie pour un temps : là, l’horizontalité, loin d’être obligatoire, est devenue nécessaire à mon sens tandis que j’observais l’effet qu’elle avait sur les miens… dans mon esprit, une pierre est descendue en terre, s’y est enfoncée, s’y est allongée… elle en ressort aujourd’hui, passablement apaisée. elle est restée allongée…
quelle présence ont les pierres horizontales ? quel en est le pouvoir ? comment les installer ? sur quoi les déposer ou dans quoi les placer ? comment résoudre les questions liées à la stabilité ? qu’est-ce que la sculpture et jusqu’où aller dans le « moins » pour que des pierres, néanmoins gorgées, émettent ?
des pierres levées à l’horizontale…la pierre et l’eau, les lieux communs, le sciage des sciages, les pierres levées, les pierres posées, les cavités, les reliefs, les terres craquelées, les ronds dans l’eau – tous sujets ont été sujets d’étude théorique. sans que je m’intéresse aux formes que prenaient les choses faites, au bénéfice de ce qu’il y aurait dedans. les supports sont souvent devenus neutres et indifférents à mes yeux.
Coucher. au delà des apparences, c’est bien là qu’est le sujet pour moi : une réflexion sans but et sans conclusion à propos de cet objet unique. d’une horizontalité que des pierres, chargées de plusieurs des aspects ou des manières qu’il m’a plu jusqu’ici d’expérimenter proposent en mon absence et à leur tour, installant un espace de silence proche de la ligne continue, d’un encéphalogramme plat. parce qu’en l’absence d’élévation physique, d’érection monolithique, les pierres que je forme, suite discontinue sur l’adaptation à la position du repos de pierres jusqu’ici pensées debout, d’évidence, présentent des caractéristiques que ne possédaient pas les précédentes : les supports neutres des colonnes de pierre érigées étaient entendus comme sémaphores, marqueurs chronologiques des étapes et des faits, signaux inscrits. aujourd’hui, je vois parfois des bateaux. le sciage fait place au sillage.. le temps, encore le voyage intérieur.
les installations qui suivent sont à faire et à défaire. on y trouvera une pierre ou rien, l’envie de peser, de manipuler pour présenter différemment les compositions et générer sensation d’équilibre stable, dynamisme, rayonnement, image ou titre : « trois pierres » ; « sur la mer des poissons les bateaux » ; « nous avons des savoirs partiels » ; « mettre en contact ».
… en profiter pour découvrir des choses sur soi, sur les pierres, la nature ou sur le monde. avancer, au risque de se tromper.
né en 1961, Marc Simon travaille la pierre depuis 1984.
Nous sommes à la moitié de l’an 2001, et cela fait maintenant bientôt trois ans que je travaille sur l’idée de la porte, ou du passage… (suite page des Portes)
Il m’était apparu que l’œuvre est creuse en réfléchissant à la question de l’universalité des messages et de leur présentation dans le domaine des arts plastiques sans représentation… Que dire qui s’adresserait à chacun ou comment dire une chose sous une seule forme de manière à être entendu de tous ou du plus grand nombre ?
… face à un dédale de formes et d’expressions, de centres d’intérêts et de cultures, mais face aussi à un nombre réduit de sujets à caractère ou à portée universels. (suite page des Pierres habitées)
Réalisation graphiques et numériques…
Curiculum vitae, expositions, enseignement